Chapitre 30

Le cromlech

Alexanne ne quitta sa chambre que le lendemain matin, toujours fâchée, mais surtout affamée. Elle se risqua dans la cuisine et fut soulagée de constater que les autres n’étaient pas encore levés. Elle prépara un bol de céréales et y versa du lait. Lorsqu’elle referma la porte du réfrigérateur, elle aperçut Tatiana, immobile à l’entrée de la pièce.

— Je comprends ta colère, mais avant de me juger, attends la suite des événements.

— Que mon oncle soit mort, vous voulez dire ?

— Apprends à faire davantage confiance au ciel, jeune fée.

L’adolescente sortit dehors avec ses céréales pour ne pas être obligée de poursuivre cette conversation inutile. Elle ressentit aussitôt l’énergie turbulente d’Alexei. Il s’était réfugié dans le garage qui lui servait de serre durant la saison froide. Tout en avalant son déjeuner, elle s’y rendit. Elle passa la tête dans l’embrasure de la porte et vit que son oncle méditait, les yeux fermés, assis en tailleur, sur un petit tapis.

— Va-t’en, grommela Alexei.

— Je suis venu te dire que je te protégerai.

— Tu ne peux rien faire.

— J’ai des pouvoirs, moi aussi.

L’homme-loup ne jugea pas nécessaire de répliquer.

— Monsieur Sonolovitch est un vieil homme. Tu peux certainement courir plus vite que lui.

— Il finira par me retrouver, peu importe où j’irai.

— Est-ce que tu comprends ce que je te dis ? Je ne laisserai personne te faire de mal.

— J’en ai assez de me battre pour survivre… pour me faire comprendre… pour me faire aimer…

— Surtout, ne me tiens pas ce genre de langage, Alexei. Tu n’es pas le monstre dont parle cette vieille prophétie russe. Tu as un grand cœur, même si tu ne sais pas toujours comment t’en servir.

Alexei n’ouvrit qu’un œil.

— Tu es mon âme jumelle, poursuivit sa nièce. Ce que tu ressens, je le ressens aussi. Ce que tu vis, je le vis aussi. Et si tu devais mourir…

— Tais-toi ! hurla-il en bondissant sur ses pieds.

Autrefois, son éclat de voix aurait terrifié Alexanne, mais elle avait appris à connaître cet homme qui ne maîtrisait pas toujours ses émotions.

— Personne n’a le même destin !

— Tu n’as aucune raison de te mettre en colère.

— Je vais régler mes comptes moi-même avec le Faucheur, et gare à toi si tu oses intervenir.

— On verra.

Alexanne sortit du garage pour aller terminer ses céréales sur la balancelle. Coquelicot s’empressa de la rejoindre. Elle s’accrocha par les bras au bord du bol.

— C’était plutôt orageux, dis donc, laissa tomber la minuscule créature.

— J’ai tout de même su garder mon calme.

— Il va encore faire une bêtise, n’est-ce pas ?

— Pas cette fois-ci, Coquelicot. Je tiens à conserver le bonheur que j’ai trouvé ici. Je ne le laisserai pas mourir.

— Tu es aussi têtue que lui.

— Merci.

Dans la maison, n’ayant pas trouvé Alexei près d’elle à son réveil, Danielle s’était mise à sa recherche. Elle arriva finalement dans la cuisine où Tatiana écarquilla les yeux avec émerveillement en l’apercevant.

— Dites-moi que c’est une bonne nouvelle… souffla la jeune femme, pleine d’espoir.

— Venez vous asseoir un instant.

Intriguée, Danielle s’installa sur la chaise à bascule. Tatiana s’approcha d’elle et lui prit les mains.

— Comme vous le savez, les fées possèdent des pouvoirs de perception supérieurs, surtout en ce qui a trait à la détection des maladies et à leur traitement.

— Mon foie est enfin guéri ?

— Ce n’est pas de lui dont je veux vous parler, mais je n’y détecte cependant aucun malaise. Je fais plutôt allusion à une addition dans votre corps.

— Une tumeur ? s’effraya la jeune femme.

— Vous êtes enceinte, Danielle.

Au lieu de se réjouir, la fée sentit une grande tristesse s’emparer d’elle.

— Je ne veux pas donner naissance à un enfant qui n’aura pas de père, s’étrangla-t-elle.

— Ne renoncez pas trop vite au bonheur. Les anges n’ont pas encore dit leur dernier mot.

— Où est Alex ?

— Il médite dans le garage.

Danielle quitta la maison en essuyant ses larmes. « Pourquoi la vie s’acharne-t-elle contre moi ? » se découragea-t-elle. Elle aurait préféré ne rien dire à son amant, afin de ne pas le distraire pendant son guet, mais les fées devinaient toujours tout. Lorsqu’elle pénétra dans la serre improvisée, Alexei se leva sans cacher sa surprise.

— Il y a un point lumineux sur ton ventre, s’étonna-t-il en se hâtant vers elle.

— Sais-tu ce qu’il signifie ?

— Viens. Nous allons demander à Tatiana de te soigner tout de suite.

Il la prit par la main, mais elle résista.

— Ce n’est pas une maladie, Alex. C’est une nouvelle vie.

Le regard incrédule de l’homme-loup descendit du visage au ventre de la jeune femme.

— Je pense que nous avons fait ça la nuit dernière, poursuivit Danielle.

— Nous ?

— Va-t-il falloir que je t’explique d’où viennent les bébés ?

— Non… je… mais…

— Je me doutais que tu n’aurais pas la même réaction que les autres hommes, mais là, tu me renverses. Dis-moi au moins si tu es content ou contrarié.

— Je suis profondément inquiet… Tu seras encore plus vulnérable.

Elle sortit le pendentif du père Collin de son corsage.

— À mon avis, il nous protégera tous les deux. Et puis, il est bien connu que les femmes deviennent redoutables lorsqu’elles sont enceintes. Dis-moi exactement ce que tu ressens, Alex.

— Je suis si ignorant…

— C’est une petite fée que je porte. Qui d’autre pourrait lui enseigner ce qu’elle a vraiment besoin de savoir ? Moi, je n’entends pas chanter les arbres ni les rivières. Je ne ressens pas l’approche des gens et je suis incapable de deviner leurs pensées. C’est moi qui suis véritablement ignorante, ici.

Alexei attira Danielle dans ses bras et l’étreignit en tentant désespérément de démêler ses sentiments.

— Je t’aime, murmura la jeune femme.

Ils demeurèrent blottis l’un contre l’autre un long moment, jusqu’à ce que Danielle éprouve l’envie de signaler son nouvel état à toute la planète. Serrant la main du futur papa dans la sienne, elle le força à entrer dans la maison, où le reste du groupe déjeunait. Quant à elle, Alexanne venait de laver son bol et s’apprêtait à retourner à sa chambre.

— C’est quoi, cette lumière ? s’étonna la jeune fée.

— C’est ta première cousine, répondit fièrement Danielle.

— Génial !

Christian, Simon et Sylvain félicitèrent les futurs parents.

— Mais comment es-tu sûre que ce n’est pas un garçon ? s’enquit Alexanne.

— Je n’en sais rien, en fait, avoua Danielle.

— Le sexe du fœtus n’est pas encore déterminé, mais l’esprit qui tourne autour de vous a envie d’être une fille, lui apprit Tatiana.

— Qui tourne autour d’elle ? s’étonna l’adolescente.

— La vie entre dans le corps au premier souffle et la quitte au dernier souffle. Cependant, les âmes choisissent très tôt leurs futurs parents et elles accompagnent leurs mamans jusqu’à la naissance.

— Il est donc faux de dire que les bébés entendent tout ce qu’elles leur disent tandis qu’ils sont dans leur ventre ?

— Au contraire. Ils entendent tout, mais pas avec leurs organes incomplets. Ce sont leurs âmes qui voient et enregistrent tout ce que vivent leurs mères.

— Je ne pourrais donc pas vous le cacher, si la même chose m’arrivait…

— Pas dans cette famille, non.

— Peut-on annoncer la nouvelle à nos proches ? demanda alors Simon.

— Non, s’empressa de répondre Alexei. Le Faucheur pourrait l’apprendre.

— Il a raison, l’appuya Christian. Il ne faut lui fournir aucune information qu’il pourrait utiliser contre Alex.

— Moi aussi, j’ai une bonne nouvelle, lança alors Sylvain. J’ai terminé les pentagrammes dont nous nous servirons contre Desjardins.

— Quand comptes-tu aller les dessiner sur les menhirs ? se réjouit Simon.

— Les conditions seront parfaites dans trois jours. J’aurais aimé voir le cromlech avant la soirée fatidique, mais monsieur Richard ne pourra se joindre à nous que pour le rituel.

— Je sais où ils sont, affirma Alexei.

— Moi aussi, lui fit écho Alexanne.

— Qu’attendons-nous pour y aller ? s’enthousiasma Sylvain.

— Il faut que l’un d’entre nous reste ici avec Tatiana et Danielle, les avertit Christian.

— Alors, ce sera moi, décida Simon.

Christian lui remit son revolver.

— Sais-tu t’en servir ?

Simon hocha affirmativement la tête. Le petit groupe se mit donc en route, guidé par Alexei.

— Tes dessins pourront vraiment retenir le Faucheur ? demanda-t-il à Sylvain sans s’arrêter de marcher.

— Il s’agit du même stratagème qu’il aime utiliser lui-même, mais avec des symboles divins, qui sont, à mon avis, beaucoup plus puissants, affirma le journaliste.

— Pourrait-il les déjouer ? voulut savoir Alexanne.

— C’est impossible à prévoir, puisque nous ne connaissons pas vraiment l’étendue de ses pouvoirs.

— Pourrai-je lui passer les menottes sans qu’il me change en crapaud ? plaisanta Christian.

Alexei s’arrêta net et se retourna pour faire face à ses amis.

— C’était une farce… sauf pour les menottes.

— À quoi servirait-il de le remettre dans une cellule d’où il s’évadera encore ? s’enquit l’homme-loup en recommençant à marcher.

— S’il a un puissant pouvoir de persuasion comme le prétend Sylvain, il obligera encore une fois ses gardiens à le laisser sortir et il effacera tout souvenir de sa fuite de leur mémoire.

— On pourrait dessiner d’autres pentagrammes sur les murs de sa cellule, suggéra Alexanne.

— Qu’il aura tôt fait d’altérer, se démoralisa Sylvain.

— J’entends très bien ce que vous vous efforcez de ne pas me dire, les avertit Christian. Sachez tout de suite que je ne suis pas devenu policier pour jouer de la gâchette.

— Ce qu’il nous faudrait, c’est une incantation pour l’envoyer directement en enfer sans le tuer, fit innocemment Alexanne.

— Dans les grimoires sur lesquels on peut mettre la main, il n’y a que de pâles imitations de ce que nous croyons être des formules magiques, avoua le journaliste.

— Le Vengeur les connaît peut-être ? suggéra Christian.

Personne ne jugea nécessaire de répondre à sa question. Ils suivirent le sentier en silence pendant quelques minutes.

— Peut-être que Desjardins se suicidera quand il se sentira coincé, laissa tomber Sylvain, au bout d’un moment.

— On peut toujours rêver, soupira Christian.

Ils arrivèrent finalement au cromlech. Sylvain marcha tout autour en comptant les pierres droites.

— Plus besoin d’aller en Angleterre pour voir des enclos à druides ! s’exclama Christian.

— Monsieur Richard m’a dit qu’il y en avait huit, mais j’en vois dix.

— Ça pose un problème ? hasarda Christian.

Les pentagrammes forment un tout. Il ne doit pas y avoir de brèches entre eux. Si je n’en trouve pas d’autres d’ici trois jours, cela pourrait avoir des résultats désastreux.

— Comme ?

— Créer d’autres gargouilles volantes ?

— Nous ne voulons pas ça.

— Le cromlech pourra-t-il quand même servir de trappe à sorcier ? voulut savoir Alexanne.

— Il est parfait, approuva Sylvain.

— Que comptes-tu utiliser pour attirer Desjardins jusqu’ici ? l’interrogea Christian.

— Moi, répondit Alexei.

— Non, sérieusement ?

— À moins que tu te portes volontaire, Christian.

— Évidemment que je le ferai à la place d’Alexei. Je suis ici pour l’arrêter.

— Ce n’est pas toi qu’il veut, lui rappela l’homme-loup.

— Tu vas te tenir au milieu de cette arène scellée par de la magie en présence de ton pire ennemi ?

— Je ne le crains pas.

— As-tu pensé qu’il pourrait te tuer avant que tu n’aies remué le petit doigt ?

— Il ne viendra pas jusqu’ici si je n’y suis pas.

— Alex, écoute-moi, fit Christian en posant les mains sur les épaules de l’homme-loup. Si tu tues Desjardins, je devrai t’arrêter et, sincèrement, je n’en ai pas du tout envie, surtout que tu auras bientôt un bébé. Promets-moi que tu te contenteras de l’immobiliser, le temps que je lui passe les menottes.

Alexei soupira bruyamment, afin d’indiquer qu’il n’aimait pas cette façon de procéder.

— Promets-le-moi, insista le policier.

— À une condition. S’il réussit à s’échapper, tu me laisseras le traquer sans me barrer la route.

— J’accepte, fit Christian, qui espérait secrètement que le plan de son ami Sylvain fonctionnerait.

Une fois que le journaliste eut dessiné les menhirs sur sa tablette en papier, le groupe entreprit de rentrer.

— Est-ce que tu as peur de devenir père, Alex ? lui demanda le journaliste qui marchait directement derrière lui.

— Je ne me sens pas suffisamment instruit pour élever un enfant. Je sais à peine lire et écrire.

— Tu pourrais apprendre en même temps que lui. Et puis, il y a Danielle, aussi.

— Ça ne sert à rien de parler de tout ça, s’apitoya Alexei, puisque je ne vivrai peut-être pas assez longtemps pour le connaître.

— S’il te plaît, demeure positif, sinon tu vas t’attirer exactement ce que tu redoutes, l’avertit Christian.

— Mais qu’est-ce que j’entends ? fit moqueusement Sylvain. Une parole de sagesse dans la bouche du grand délinquant Pelletier ?

Le policier éclata de rire, ce qui détendit immédiatement l’atmosphère au sein du groupe.

— Tu dois connaître Christian depuis longtemps pour lui parler ainsi, remarqua Alexei.

— Nous habitions dans le même quartier lorsque nous étions gamins, expliqua le journaliste.

— Et puisque nous nous retrouvions toujours dans les mêmes classes, il a bien fallu que je lui parle, ajouta Christian en riant.

— Nous nous sommes séparés au cégep, car il était fort en sciences et moi, en lettres, poursuivit Sylvain. Mais nous sommes restés copains.

— Jusqu’à ce qu’il se marie, nous allions prendre une bière au moins deux fois par semaine. C’est un rituel de célibataires.

— C’est quoi, de la bière ?

Tout le reste du trajet, Christian tenta de le lui expliquer, pour finalement en venir à la conclusion que c’était une boisson débilitante qui leur faisait passer la moitié de leurs soirées aux toilettes. C’est donc en riant qu’ils revinrent sur la propriété de Tatiana.

 

Le faucheur
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